mardi 1 octobre 2013

Le territoire, terreau de l'apprentissage tout au long de la vie



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Le concept de ville ou région apprenante[1] connaît presque la même vogue que celui d'apprentissage tout au long de la vie. Les deux sont d'ailleurs apparus sensiblement au même moment dans le débat public. Ils illustrent tous deux la conviction, traduite en stratégies politiques publiques et privées, que l'apprentissage constitue la condition incontournable du développement.

Les deux notions sont complémentaires : alors que l'apprentissage tout au long de la vie concerne l'individu, la ville ou région apprenante concerne le collectif, la synergie des acteurs agissant sur un même territoire. Transformer un territoire en ville ou région apprenante, c'est en somme fournir le plus grand nombre d'opportunités à chacun d'apprendre tout au long de sa vie, pour développer des activités économiques, culturelles et sociales au bénéfice de tous.

Les nouveaux territoires de transmissIon du savoir

Bien qu'il soit relativement récent, le concept de «ville apprenante» se trouve au cœur d'un nombre croissant de stratégies de développement économique et il est plus que probable qu'il soit la caractéristique première de la cité du futur et de son capital humain.


De la ville apprenante à la communauté d'apprentissage

On comprend aisément que toute ville ou région désire désormais devenir « apprenante », entrer dans l'économie de la connaissance et de l'innovation qui caractérise la société post-industrielle, de manière à tenir sa place dans la compétition mondiale et attirer les forces de production de biens et de services sur son territoire. L'individu, de son côté, a tout à gagner à habiter dans une ville ou région apprenante, pour y développer en permanence ses occasions de formation qui garantiront sa valeur sur le marché de l'emploi d'une part, sa place de citoyen à part entière dans l'espace public d'autre part.

Chaque ville ou région dispose d'atouts spécifiques sur lesquels s'appuiera sa stratégie de développement. C'est ce que décrit l'article de Kurt Larsen présenté sur le site L'observateur de l'OCDE, à travers les exemples de régions allemandes, scandinaves, françaises, espagnoles ou anglaises.

L'importance du lieu tient à la proximité des acteurs qui l'habitent : « il y a beaucoup d'avantages à opérer à l'intérieur de marchés du travail avec des limites géographiques précises et à adhérer à un même ensemble de conventions, de valeurs et de normes régionales ». Ceci, parce que les apprentissages porteurs d'innovation s'effectuent le plus souvent de manière informelle, au fil des occasions de rencontre et d'échange d'informations.

La réunion d'acteurs unis par des valeurs, normes et conventions communes peut alors donner naissance à des communautés d'apprentissage. C'est le postulat que développe Ron Faris dans un remarquable numéro de la revue A lire en ligne, éditée par la fédération canadienne pour l'alphabétisation en français (FCAF) : « La communauté d'apprentissage (…) apparaît comme une unité fonctionnelle et organique constituée d’un groupe structuré de personnes oeuvrant autour d’objectifs et d’un projet communs, au coeur d’un processus éducatif permanent et continuel, interpellant une responsabilité globale au sein de la communauté éducative. La communauté d’apprentissage centrée sur le lieu, que ce soit une ville, un village ou un quartier, est au centre du défi que pose le développement (durable) de nos sociétés ». La communauté d'apprentissage soutient les apprentissages individuels et collectifs, dans les cinq secteurs suivants :

1.     le secteur civique ou de la gouvernance;
2.     le secteur économique (de l’entreprise privée à l’entreprise d’économie sociale);
3.   le secteur public (les bibliothèques, les musées, les agences de santé et de services sociaux);
4.     le secteur de l’éducation (de la maternelle aux cycles supérieurs);
5.  le secteur du bénévolat et de l’action communautaire (groupes confessionnels, clubs philanthropiques, associations récréatives et ludiques).

Sur le même site, on trouvera un document fort intéressant montrant au travers d'un tableau comment, dans chacun de ces cinq secteurs, apparaissent les différences entre une démarche de ville apprenante et une démarche de ville traditionnelle.

Éducation : assurer le continuum entre le formel et l'informel

On constate que le secteur de l'éducation doit, comme les autres, opérer d'importants changements pour intégrer une démarche globale d'apprenance généralisée. Le secteur de l'éducation formelle doit nouer des liens avec celui de l'éducation informelle, de manière à valoriser la globalité de l'apprentissage; il doit donc établir des partenariats avec les autres secteurs de la société; il doit s'intéresser à tous les publics, et pas seulement aux jeunes en formation initiale; il doit aussi intégrer au quotidien des modes de construction des apprentissages qui ne soient pas uniquement dictés par la tradition scolaire et la valeur intrinsèque des savoirs tels que les a hiérarchisés l'école, mais qui fournissent à chacun les outils nécessaires à l'apprentissage tout au long de la vie.

Les TIC, pour relier la communauté d'apprentissage locale à la communauté mondiale

Le développement des usages des TIC et de nouveaux services numériques tient une place privilégié dans la stratégie des villes et régions apprenantes. Ceci, parce qu'elles permettent à la fois d'améliorer la circulation et le partage des informations au sein des communautés d'apprentissage et de relier cette dernière à la vaste communauté mondiale. De plus, elles permettent de satisfaire les besoins d'un très grand nombre d'apprenants. Il semble en effet illusoire de croire qu'une ville ou région apprenante, aussi riche en opportunités d'apprentissage soit-elle, puisse répondre en temps voulu à toutes les demandes d'apprentissage de toute une communauté engagée dans la voie de la formation tout au long de la vie. Les TIC prendront ici toute leur importance. C'est le point de vue que défend Norman Longworth dans son excellent article Lifelong Learning, The Learning City and the Learning Region publié sur le site britanique Longlearn.org.

Et l'on conçoit bien alors que la communauté d'apprentissage locale soit reliée à la communauté d'apprentissage mondiale, par le biais d'environnements d'apprentissage territorialisés au plus près de l'apprenant, et passant insensiblement dans la dimension virtuelle, comme le montre Ron Faris avec cette représentation :

Villes ou régions apprenantes ont donc tout à gagner à miser sur l'apprentissage pour stimuler l'innovation dans tous les secteurs de la société, dans une perspective globale de développement durable. De nombreuses villes se sont déjà engagées dans cette voie qui réclame une vision à long terme, beaucoup d'énergie et d'anticipation. A titre d'exemple et pour finir sur une note inspirante, voyons ce qu'en disent les responsables du programme "Montréal, ville apprenante, de savoir et d'innovation".

RD

Villes, villages et quartiers... Des lieux pour favoriser l'apprentissage. Revue A Lire en ligne, FCAF, printemps 2010, téléchargeable en .pdf.
Vers une ville apprenante, un continuum (.pdf). Site de la FCAF

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