lundi 4 novembre 2013

Demain, une société plus âgée


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Une tranche importante de la population mondiale bascule dans l’âge des seniors[1]. Pour Vincent Caradec, professeur en sociologie à l’université de Lille 3, co-auteur de « Sociologie de la vieillesse et du vieillissement », il faut interroger la notion de “senior”. Qu’est-ce qu’un senior ? On se trouve face à une multiplicité de définition si l’on essaye d’y intégrer les barrières mouvantes de l’âge. Parle-t-on des 50 ans et plus ? Des 60 ans et plus ? Des 55-64 ans ? On parle de seniors pour désigner les plus de 45 ans dans l’entreprise ! Parfois, “seniors” est synonyme de personnes âgées, parfois au contraire il est son antonyme et s’oppose aux “vrais vieux”. Le terme possède certains mérites : il est neuf et cherche à traduire les changements importants qui interviennent lors de la période de retraite.

Ces changements, quels sont-ils ?

  • Une expansion importante et rapide du temps de retraite ;
  • une augmentation de l’espérance de vie des plus de 60 ans ;
  • la baisse de l’âge de la cessation de l’activité, en France notamment, par une culture de la sortie précoce du monde du travail.

La durée moyenne de retraite a augmenté : la retraite a cessé d’être l’antichambre de la mort pour devenir une nouvelle étape de l’existence, une étape valorisée et attendue, une “nouvelle jeunesse” qui mise sur le temps libre. Des changements extrêmement importants sont intervenus dans les pratiques et les modes de vie. Les seniors sont en bien meilleure santé, plus actifs. Ils ont perdu, dans un certain nombre de domaines, de leur spécificité par rapport aux plus jeunes : par exemple, le taux de départ en vacances des seniors a dépassé en 2004 le taux de départ de la moyenne des Français. À la suite du sociologue Anthony Giddens, on parle d’ailleurs de “société rajeunissante” pour désigner ces personnes “âgées” qui deviennent de plus en plus jeunes.

Mais ce nouveau terme de “seniors” a aussi des inconvénients. La catégorie est trop large : l’ensemble des seniors est hétérogène, tant du point de vue de l’âge (du quinquagénaire au nonagénaire) que du point de vue du sexe, de la condition sociale… De plus, bon nombre de gens ne se reconnaissent pas sous cette étiquette.

Après avoir analysé les significations du mot “senior”, Vincent Caradec expose la manière dont le rapport au monde se traduit au fur et à mesure qu’on avance en âge.

Un concept important dans ce domaine est la “déprise” explique-t-il. Au fur et mesure qu’on vieillit, on se trouve confronté à des contraintes de plus en plus fortes. Cela se caractérise par l’abandon de certaines activités, mais qui peuvent être remplacées par d’autres. Si certaines activités sont abandonnées, c’est pour pouvoir mieux conserver celles auxquelles on tient le plus. “La déprise est un processus actif de reconversion”. Ainsi, par exemple, on continue à effectuer une activité, mais sur une plus petite échelle (on réduit la taille de son jardin potager, ou on limite sa participation à une association…) ; on trouve des substituts (on ne va plus à la messe, mais on la regarde à la télévision)…

La déprise n’est pas un processus systématique et inéluctable. Elle intervient en fonction de certains évènements déclencheurs : problèmes de santé, amoindrissement de l’impulsion vitale, baisse des opportunités d’engagements, baisse des sollicitations…

Parfois les enfants s’inquiètent du maintien de certaines activités et souhaitent voir leurs parents les abandonner (l’usage de la voiture par exemple). La déprise se construit dans l’interaction entre la personne âgée et son entourage, son environnement, et, pour certaines personnes âgées, la déprise n’intervient pas ou peu (exemple d’Henri Salvador qui se produisait sur scène à 90 ans ou bien Manoel De Oliveira qui tourne encore des films à 100 ans).

Chez les plus âgés, se développe aussi un sentiment d’étrangeté au monde. Comme disait Claude Lévi-Strauss, dans un entretien[2] à l’âge de 96 ans : “Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai aimé avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien. Et celui de demain, peuplé de 9 milliards d’hommes et de femmes, même s’il s’agit d’un pic de population, comme on nous l’assure pour nous consoler, m’interdit toute prédiction.. Face à cette étrangeté croissante du monde, soit on cherche à rester dans la course (par exemple les personnes âgées qui se mettent à internet) soit on crée au contraire un milieu protecteur pour contrebalancer. Le vieillissement se caractérise en fait par un maintien des “prises” sur le monde alors qu’elles tendent à se dérober : des prises qui tiennent à la fois d’activités réelles et également d’une sensation, d’un sentiment d’appartenance.

Geoffrey Delcroix, chargé d’étude à Futuribles, a dressé le portrait du vieillissement qui nous attend en s’appuyant sur de longs extraits de 2030 : le big bang démographique, une coproduction Futuribles, Arte et Mano à Mano. 

RD


[1]À l’occasion de l’Université de printemps de la Fing qui s’est tenue à Aix-en-Provence du 5 au 6 juin 2008 sur le thème du vieillissement et des nouvelles technologies. http://www.internetactu.net/2008/06/10/upfing08-demain-une-societe-plus-agee/






Évolution récente de la démographique mondiale






Faut-il s'inquiéter de tant d'hommes et de femmes sur la terre? Y aura-t-il plus de vieillards que de jeunes? Finalement, Malthus aura-t-il le dernier mot ? Voici un premier texte qui nous révèle les grandes lignes de ce que sera la progression de la population mondiale jusqu'en 2050.

Selon des estimations de l'ONU publiées en mars 2009, la population mondiale[1] devrait dépasser les neuf milliards d'individus en 2050, contre 6,8 milliards en 2010 et 7 milliards début 2012.

La plupart des nouveaux habitants de la planète vivront dans les pays en développement, dont la population passera de 5,6 milliards d'individus cette année à 7,9 milliards en 2050. L'augmentation se répartira entre la tranche d'âge de 15 à 59 ans (1,2 milliard supplémentaire) et les plus de 60 ans (1,1 milliard).

Selon ces estimations révisant les projections officielles de l'ONU de 2008 sur la population mondiale, les pays les plus développés ne devraient voir leur population augmenter que légèrement, passant de 1,23 à 1,28 milliard d'habitants au cours de la même période. La population des pays développés aurait même tendance à diminuer, passant à 1,15 milliard d'individus, sans le solde migratoire positif en provenance des pays en développement, qui devrait s'établir aux alentours de 2,4 millions de personnes chaque année entre 2009 et 2050. De 2005 à 2010, le solde migratoire contribuera deux fois plus que l'accroissement naturel à l'augmentation de la population dans huit pays ou régions: la Belgique, Macao, la République tchèque, le Luxembourg, le Qatar, Singapour, la Slovénie et l'Espagne.

Pour la période 2010-2050, les principaux pays connaissant un solde migratoire positif devraient être les États-Unis (+1,1 million par an), le Canada (+214.000), la Grande-Bretagne (+174.000), l'Espagne (+170.000), l'Italie (+159.000), l'Allemagne (+110.000), l'Australie et la France (+100.000 chacune). Les pays connaissant un solde migratoire négatif devraient être le Mexique (-334.000 par an), la Chine (-309.000), l'Inde (-253.000), les Philippines (-175.000) et le Pakistan (-161.000). La population des 49 pays les moins développés devrait doubler, passant de 840 millions de personnes cette année à 1,7 milliard en 2050.

La croissance démographique des autres pays en développement, bien que robuste, devrait être moins rapide, passant de 4,8 à 6,2 milliards d'individus. Le scénario le plus probable prévoit une baisse de la fécondité, qui passera de 2,56 enfants par femme pour la période 2005-2010 à 2,02 enfants par femme pour la période 2045-2050. Ces données, fournies par le département des affaires économiques et sociales de l'ONU, montrent aussi que la baisse de la fécondité se traduira par un vieillissement de la population.

Dans les pays les plus développés, 22 % de la population a déjà 60 ans ou plus et cette proportion pourrait passer à 33 % en 2050, le nombre de personnes âgées représentant alors le double de celui des enfants. Aujourd'hui, 9 % seulement de la population des pays en développement a 60 ans ou plus, mais cette proportion devrait passer à 20 % en 2050. Cette étude intègre les données les plus récentes provenant de recensements nationaux et de plusieurs études de la population menées à travers le monde.

RD



Une démographie mondiale extrême ou limite



















La ruche qui déborde :

- La surpopulation inévitable puisqu’il n’y a plus de prédateurs, ni d’épidémies;
- Un environnement aux ressources limitées et à l’espace géographique délimité;
Pouvons-nous réajuster la croissance démographique sur notre terre?
- Les prochaines catastrophes, qu’en est-il et pour quand?

 

La population mondiale[1] par grandes régions au fil des âges (en millions d'habitants)
grandes régions / âges
-400
JC
500
1000
1300
1400
1500
1700
1800
1900
2000
Asie (sans Russie)
% du total mondial
dont :
Chine et Corée
Japon
Sud-Est asiatique
Sous-continent indien
Moyen-Orient

Europe et Nouveau Monde
% du total mondial
dont :
Europe (avec Russie)
Amérique du nord
Amérique latine
Océanie

Afrique
% du total mondial
dont :
Afrique méditerranéenne
Afrique noire
94
61%

19
0,1
3
30
42

41
27%

32
1
7
1

17
11%

10
7
168
67%

70
0,3
5
46
47

56
22%

43
2
10
1

25
10%

13
12
120
57%

32
2
8
33
45

57
27%

41
2
13
1

32
15%

12
20
155
60%

56
7
19
40
33

62
24%

43
2
16
1

40
16%

10
30
240
56%

83
7
29
100
21

120
28%

86
3
29
2

69
16%

9
60
200
53%

70
8
29
74
19

106
28%

65
3
36
2

68
18%

8
60
243
53%

84
8
33
95
23

129
28%

84
3
39
3

86
19%

8
78
436
64%

150
28
53
175
30

140
20%

125
2
10
3

106
16%

9
97
646
67%

330
30
68
190
28

221
23%

195
5
19
2

101
10%

9
92
902
56%

415
44
115
290
38

593
37%

422
90
75
6

118
7%

23
95
3631
60%

1273
126
653
1320
259

1631
27%

782
307
512
30

800
13%

143
657
Total mondial
152
250
209
257
429
374
458
682
968
1613
6062

Les estimations ci-dessus sont empruntées à l'article de Jean-Noël Biraben dans le bulletin de l'INED
Population & Sociétés (numéro 394, octobre 2003)