mardi 22 octobre 2013

Comment assurer la pérennité de la conscience ?






Source : http://blog.transhumanistes.com/




Ainsi, ce qui est en jeu dans l’aventure anthropotechnique, ce pourrait être ceci : l’autonomisation du processus qui aboutit à l’émergence de la conscience par rapport au processus biologique basé sur la chimie du carbone. Autrement dit, les êtres dotés de conscience supérieure sont en train de concevoir un intérêt à disposer un jour d’un corps/substrat dont le principe de fonctionnement ne serait plus, ou majoritairement plus, celui du vivant tel que nous le connaissons aujourd’hui. Conscience - Selçuk 2

Que nous nous accordions ou non sur le primat du conscient sur le vivant, nous pouvons sans doute nous mettre d’accord sur l’idée qu’un critère éthique absolu pour nous permettre de dire ce que nous souhaitons permettre et ce que nous souhaitons interdire dans notre évolution à venir est le critère de pérennité (que d’autre appelle résilience, ou robustesse).

Ce qui met en danger la survie et la poursuite de l’existence des individus (de leur conscience et de l’espèce humaine) est à circonscrire, voire à prohiber (hormis le libre choix individuel, conscient et éclairé, de mettre fin à ses jours). Ce qui renforce et encourage notre capacité à survivre, en tant qu’individus libres comme en tant que collectivité harmonieuse peut et doit être permis et même développé.

La difficulté réside bien entendu dans notre capacité à déterminer à l’avance ou au moins à temps ce qui nous sera contraire et ce qui nous sera favorable. Et ceci, d’autant plus que certaines dispositions peuvent se révéler bénéfiques dans certaines conditions et désavantageuses dans d’autres (par exemple, la capacité des cellules souches embryonnaires à se reproduire à l’infini semble pouvoir déboucher sur des cancers, ou bien ce qui est considéré comme un handicap mental (ex : l’autisme) peut, dans certaines circonstances être vécu comme une marque de génie (ex : le syndrome d’Asperger). On pourrait multiplier les exemples du même genre.

Il en découle que, la plupart du temps, ce n’est qu’a posteriori que nous pouvons juger si tel ou tel de nos choix éthiques s’est avéré judicieux. L’histoire ne se répète jamais complètement mais je considère, avec la science, qu’il n’existe guère de meilleure sagesse que de se baser sur le souvenir de nos échecs et de nos réussites passées pour anticiper les conséquences de nos choix à venir (d’ailleurs la logique du vivant n’est pas différente qui procède par essais, erreurs, élimination des ratés et réutilisation des réussites).

Prendre le temps d’évoluer en minimisant les risques d’échecs

Concernant maintenant le choix d’utiliser et de développer telle ou telle nouvelle technologie dans le sens d’une évolution de type transhumaniste, il devrait donc en aller de même. Nous ne devrions avoir aucuns tabous, aucuns interdits autres que ceux imposés par des échecs patents.

Cela dit, il est évidemment impensable pour un transhumanisme techno-progressiste de considérer les personnes humaines comme des objets d’essais susceptibles de réussir ou d’échouer. C’est le libre choix, véritablement éclairé et responsable, des individus qui doit être à l’origine des orientations collectives.

Or, Afin de parer au plus vite et au mieux aux dérives et aux ratés de nos choix technologiques, une condition qui me paraît très importante est de se donner le temps. Idéalement, nous devrions avoir le temps du choix, le temps de l’expérimentation, le temps de l’appréciation, celui du plaisir aussi, le temps du bilan puis, le temps de l’adoption ou celui du regret peut-être et de la renonciation.

Contrairement à certains – ceux qui rêvent de La grande catastrophe ou ceux qui attendent déjà la Singularité -  je pense en effet que l’humanité a encore le temps devant elle et qu’elle doit le prendre. Scientifiquement parlant, il semble que la seule échéance à ce jour inéluctable pour l’aventure humaine soit la fin de vie du Soleil, ce qui nous donnerait tout de même 4 ou 5 milliards d’années avant que le système solaire ne soit plus vivable.

La précipitation, au contraire, pourrait nous valoir un anéantissement avant ce terme.

Le danger donc, ne me paraît pas venir de l’adoption des technologies NBIC au motif qu’elles ne pourraient que nous faire perdre notre humanité. En échange, il me semble découler de cette logique de la précipitation dont se sert le système sociétal et économique dominant aujourd’hui dans notre monde. Pour parler grec, je pourrais m’amuser à considérer que cette précipitation relève vraiment de l’hybris. Elle est une insulte au véritable dieu de la pensée grecque : la raison humaine. Or, dans la tradition de la tragédie grecque, l’hybris ne peut être que punie.

RD
 

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