mardi 22 octobre 2013

La phase du post-humanisme à prendre en considération


 
 Le concept de posthumanisme[1] est encore flou. Pour le moment, chacun peut lui donner le sens opposé à celui qu'il donne au mot humanisme, ce qui nous autorise à prendre notre propre définition de l'humanisme comme point de départ. 

« L’humanisme, écrivons-nous dans le dossier du même nom, est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident. Ainsi défini, l’humanisme est le produit d’une révolution copernicienne inversée : l’homme, auparavant satellite de Dieu, devient l’astre central ».

Selon ce critère, le posthumanisme est non seulement un humanisme, mais un humanisme achevé, libéré, de cette trace de Dieu au cœur de l'homme qu'on appelle l'esprit. Cette conclusion s'applique à l'humanisme au sens le plus courant du terme « conception générale de la vie (politique, économique, éthique) fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines » (Denis de Rougemont).

Cette définition est proche de celle que l'on peut donner de l'humanisme moderne en prenant la conception de l'homme de Descartes comme modèle. Dans cette conception, on reconnaît un dualisme corps-esprit et on considère que c'est l'obéissance du corps à l'esprit qui constitue l'accomplissement de l'être humain.

Selon ce critère le posthumanisme est un antihumanisme. Ce qu'a bien vu Jean-Michel Besnier dans « Demain les posthumains » : « Présentée sous cet angle, l'opposition de l'humanisme et du posthumanisme paraît radicale. Le premier conserve à l'homme les attributs de la finitude que révèle le dualisme esprit-corps; le second réduit le corps à un simple épiphénomène dont la cybernétique, par exemple, nous promettrait la suppression. Au fond, en décrivant les fantasmes d'une autonomisation sans limites de l'humain par rapport à ce qui l'enchaînait à la nature corporelle, les utopies posthumaines seraient révélatrices du vieux rêve métaphysique d'une abolition de la finitude. L'humanisme, lui, s'interdisait de l'imaginer, persuadé que la liberté est au prix de la réconciliation avec ce qui s'impose à nous comme une nécessité ».

- Une voie d’avenir : le transhumanisme ?


« Nous sommes tous des hommes « augmentés »[2]. Prothèses, pacemaker et lentilles de contact nous rapiècent, soulagent nos maux, corrigent nos défectuosités, mettent un peu de moelleux dans la dureté de nos existences de Terriens imparfaits. Mais peut-on s’améliorer jusqu’à changer de nature, devenir plus intelligents, réparables, réanimables après avoir été cryogénisés, post-humains? Et le faut-il?[3]

À la croisée des sciences, une famille de savants répond oui sans complexe. On les appelle les transhumanistes. Issus du terreau de la contre-culture américaine des années 60 pour la plupart, souvent nourris aux romans de science-fiction, un peu gourous, un peu prophètes, les transhumanistes sont également des scientifiques aguerris, biologistes, physiciens ou philosophes. Ils ont leurs propres universités, à la Silicon Valley (la Singularity University de Ray Kurzweil) ou à Oxford (le Future of Humanity Institute de Nick Bostrom).

Le transhumanisme[4] est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres techniques émergentes. Les dangers comme les avantages que présentent de telles évolutions préoccupent aussi le mouvement transhumaniste.

Le terme « transhumanisme » est symbolisé par « H+ » (anciennement « >H »2) et est souvent employé comme synonyme d'« amélioration humaine ». Bien que le premier usage connu du mot « transhumanisme » remonte à 1957, son sens actuel trouve son origine dans les années 1980, lorsque certains futurologues américains ont commencé à structurer ce qui est devenu le mouvement transhumaniste. Les penseurs transhumanistes prédisent que les êtres humains pourraient être capables de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu'ils mériteraient l'étiquette de « posthumains ». Ainsi, le transhumanisme est parfois considéré comme un posthumanisme ou encore comme une forme d'activisme caractérisé par une grande volonté de changement et influencé par les idéaux posthumanistes. En France, ce mouvement cherche à s'organiser autour de l'Association Française Transhumaniste.

La perspective transhumaniste d'une humanité transformée a suscité de nombreuses réactions, tant positives que négatives, émanant d'horizons de pensée très divers. Francis Fukuyama a ainsi déclaré, à propos du transhumanisme, qu'il s'agit de l'idée la plus dangereuse du monde, ce à quoi un de ses promoteurs, Ronald Bailey, répond que c'est, au contraire, le « mouvement qui incarne les aspirations les plus audacieuses, courageuses, imaginatives et idéalistes de l'humanité ».









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