Nous reproduisons dans
cet article le sommaire[1]
d’un numéro spécial de la revue PROBLÈMES ÉCONOMIQUES 2.958, 12 novembre 2008, Numéro spécial intitulé
: « Réguler l'économie mondiale
au XXIe siècle », MALHEUREUSEMENT ÉPUISÉ. Les brefs résumés sont des
indicateurs des pistes de solutions à envisager dans un avenir rapproché pour
corriger la trajectoire économique mondiale.
Le choc des crises La crise financière
Crise financière : un parallèle avec la crise
asiatique
Frankfurter Allgemeine Zeitung
Barry Eichengreen
Quel précédent
historique pourrait éclairer la profonde crise financière que traversent la
finance américaine et le système financier international ? Pour l'auteur, il n’y
a pas de doute, il ne peut s'agir que de la crise asiatique de 1997-1998. S'il
peut paraître étonnant de comparer les États-Unis à un ensemble de pays
émergents, les traits communs entre les deux crises sont néanmoins nombreux :
l'opacité de la sphère financière, des règles bancaires trop laxistes
permettant l'instauration de ratios de levier excessifs, l'aléa moral suite aux
garanties implicites accordées par l'État aux banques et, enfin, une politique monétaire
beaucoup trop complaisante. Comme pour les pays asiatiques, le rétablissement
du système bancaire pèsera lourdement sur le contribuable. En ce qui concerne
les réformes réglementaires, l'auteur croit davantage à une transformation
progressive qu'à un bouleversement radical du système financier, ce dernier
étant trop profondément enraciné et ses éléments trop imbriqués pour qu'on
puisse en changer dans l'immédiat.
Instituer de nouvelles règles de gouvernance
des institutions financières
Revue d'économie financière
Bertrand Jacquillat
Les facteurs ayant
contribué directement ou indirectement au déclenchement de la crise financière
en juillet 2007 aux États-Unis sont nombreux : la titrisation, la
transformation profonde du modèle bancaire et de la gestion des risques, le
rôle ambigu des agences de notation, la structure et le niveau des
rémunérations dans le secteur financier, les objectifs des banques centrales…
Sur chacun de ces éléments, l'auteur propose des pistes de réflexion. En
premier lieu, il souligne qu'il faut éviter de réformer le système financier
par l'introduction prématurée de nouvelles règles car la crise n'est pas encore
achevée. Ensuite, il admet que des excès ont été commis par les différents
acteurs financiers et qu'il faut en assumer les conséquences, c'est-à-dire des
pertes de volumes colossales. Enfin, il propose des modifications
réglementaires, tout en mettant l'accent sur les incitations à l'égard des
acteurs et sur l'extension des mécanismes de marché à des domaines où ils sont
insuffisants ou inexistants.
Pour une réforme globale de la théorie et de la
régulation financières
Revue d'économie financière
Dominique Plihon
La crise financière est
d'une ampleur sans commune mesure avec les crises des vingt dernières années.
Si la plupart des économistes s'accordent sur ce point, les avis divergent sur
les causes et les mécanismes à l'origine de ce désordre financier mondial.
L'auteur réfute la thèse de nombreux experts pour lesquels le facteur
déterminant est le développement non maîtrisé de la titrisation des crédits
immobiliers à risque aux États-Unis. Certes, il admet que la titrisation
représente une innovation majeure qui a bouleversé le fonctionnement des
banques et des marchés. Mais il insiste avant tout sur le fait que nous sommes
face à une crise systémique qui s'inscrit dans un processus d'instabilité
financière chronique : pour lui, elle prend ses racines au cœur même du
capitalisme financier et ne peut que se résoudre par une remise en cause de la
théorie financière standard et de la doctrine des banques centrales et des
autorités de supervision prudentielle.
La crise alimentaire
Alimentation mondiale : les racines de la crise
Le Journal du CNRS
Philippe
Testard-Vaillant
La hausse brutale,
jusqu'à l'été 2008, des prix des biens de première nécessité, qui contraste
avec la longue période de baisse régulière des prix de la plupart des produits
de base au cours des années 1980 et 1990, a accru les inégalités de répartition
de l'offre alimentaire mondiale et débouché sur une véritable crise dans de
nombreux pays en développement. De la libéralisation des marchés agricoles à
l'augmentation de la consommation de viande dans certains pays émergents comme
la Chine et l'Inde, en passant par la spéculation, l'auteur examine les différents
facteurs à l'origine de la crise.
La crise démo-environnementale
La régulation démo-environnementale : l'enjeu
d'une planète viable
Mondes en développement
Hervé Domenach
Les mutations
démographiques, environnementales et climatiques que va connaître l'humanité
dans le demi-siècle à venir sont aujourd'hui considérées avec la plus grande
attention. Le modèle occidental de développement a des conséquences
particulièrement préoccupantes conduisant notamment, selon l'auteur, à un
accroissement des inégalités et à des dégradations qui mettent chaque jour
davantage en péril la planète. Si, concernant ces questions globales, de réels
progrès ont été accomplis ces dernières années en matière de régulation
internationale, ils restent encore largement insuffisants au regard des enjeux.
La mise en œuvre d'une gestion durable des espaces, des espèces et des
ressources est désormais urgente.
Gouvernance et régulation
Pourquoi transformer le modèle de gouvernance
du XXe siècle ?
Finances et développement
James M. Boughton et
Colin I. Bradford Jr.
En 1919, la Société des
nations, née à Paris au lendemain de la Première Guerre mondiale au terme de
six mois de négociations, pose les fondements d'une gouvernance mondiale dont
les principaux artisans seront la France, l'Italie, le Royaume-Uni et les
Etats-Unis. Tout au long du XXe siècle, de nombreuses institutions
multilatérales ont été créées et ont offert un cadre de négociation pour
l'établissement de relations économiques et politiques internationales constructives.
Mais l'apparition ou l'aggravation de certains problèmes mondiaux, comme le
changement climatique, l'accroissement des besoins énergétiques, sanitaires,
d'alimentation et de logements, ont remis en question, en ce début de XXIe
siècle, les progrès induits par la mondialisation et ont révélé avec acuité les
faiblesses et les insuffisances du modèle de gouvernance mondiale hérité du
siècle passé.
La gouvernance mondiale est-elle au service de
l'intérêt général global ?
L'E-book de campagne de l'OFCE
Joseph Stiglitz
La stabilité économique
mondiale a des vertus car elle génère des externalités positives. Elle mérite
donc, selon Joseph Stiglitz - lauréat en 2001 du Prix de la Banque de Suède en
sciences économiques en l'honneur d'Alfred Nobel - d'être considérée comme un
bien public mondial dont l'offre devrait absolument être préservée dans le
cadre de l'action collective. Mais, comme le rappelle le célèbre économiste
américain, si un certain nombre d'institutions internationales ont été créées
dans ce but, l'instauration d'un véritable " gouvernement global "
n'est toujours pas à l'ordre du jour. Selon Joseph Stiglitz, il est urgent, si
l'on veut " sauver " la mondialisation, de réformer rapidement les
institutions internationales qui sont en charge de la gouvernance mondiale.
Réformer la gouvernance de l'économie mondiale
L'avenir du FMI et de la Banque mondiale
American Economic Review
Raghuram G. Rajan
Le Fonds monétaire
international (FMI) et la Banque mondiale sont sans doute les deux organisations
internationales ayant le mieux incarné, en matière de gouvernance mondiale,
l'ordre économique né après 1945. Mais au cours des dernières années du XXe
siècle, les deux institutions de Bretton Woods ont vu, au fur et à mesure de
l'échec de certaines des politiques économiques imposées aux pays en
développement et de la montée en puissance des économies émergentes, leur
crédibilité fortement ébranlée. La remise en cause de la légitimité du FMI et
de la Banque mondiale ne signifie pas pour autant que ces institutions
financières internationales n'aient plus, aujourd'hui, aucun rôle à jouer.
Celui-ci reste très important, mais il a profondément changé. Ces institutions
sont désormais tenues de se transformer pour devenir de véritables partenaires
des États auxquels elles doivent continuer de prodiguer avis et conseils, ainsi
que de leur fournir des fonds lorsque cela est nécessaire. S'ils veulent
retrouver un rôle à leur dimension dans la régulation de l'économie mondiale,
le FMI et la Banque mondiale sont donc contraints d'engager, au plus vite, une
réforme de leurs structures et de leur mode de gouvernance.
Le G8 et le nouvel ordre économique mondial
International Affairs
Anthony Payne
Le G7, devenu G8 avec
l'intégration de la Russie, a vu le jour de façon informelle au début des
années 1970. D'une certaine manière, ce groupe rassemblant au départ les sept
plus grands pays industrialisés, peut être considéré comme le club des
vainqueurs de l'histoire à la fin du XXe siècle, l'élargissement à la Russie ayant
une portée très symbolique, marquant le triomphe définitif de la démocratie
libérale et de l'économie capitaliste. Cette dimension symbolique du G8 n'a pas
échappé au mouvement altermondialiste. A partir de la fin des années 1990, les
sommets organisés par le club des " pays riches " sont devenus
l'occasion d'une dénonciation systématique, parfois violente, de l'ordre
économique mondial issu de l'Après-Seconde Guerre mondiale. Dans le même temps,
la montée en puissance des économies émergentes a été l'occasion d'une
contestation de la légitimité du G8 à définir seul les grandes orientations
concernant la gestion des affaires économiques du monde. Aussi, ces Etats, que
l'on peut qualifier de gagnants du début du XXIe siècle, ont-ils été - à
travers un processus d'élargissement progressif du G8 - invités à prendre part,
de façon de plus en plus formelle, à la gouvernance mondiale.
OMC : le possible et le souhaitable
L'Economie politique
Jean-Marc Siroën
L'impasse dans laquelle
sont engagées les négociations commerciales internationales du cycle de Doha
est pour de nombreux spécialistes révélatrice d'une crise très profonde que
traverse aujourd'hui l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Certains observateurs
vont jusqu'à penser que l'absence d'accord et les échecs répétés mettent
aujourd'hui en péril l'existence même de l'organisation dirigée par le Français
Pascal Lamy. Aucun des acteurs politiques qui comptent le plus dans la
définition de la gouvernance commerciale mondiale ne souhaite toutefois voir
disparaître l'OMC. L'auteur, après avoir analysé les principes d'action de
celle-ci, propose l'adoption de différentes mesures qui permettraient de
renforcer cette gouvernance du commerce mondial.
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