L'entreprise
visant à définir et à préciser les caractères de la condition humaine peut
sembler bien difficile a priori, tant les traits qui caractérisent celle-ci
sont nombreux et interdépendants, donc difficilement isolables. En fait, elle
peut être menée à bien dès lors que l'on indique explicitement le niveau de
généralité auquel on se situe.
Le point de vue de JEAN-PAUL SARTRE
« L'Existentialisme est un humanisme »
"
S'il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui
serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de
condition. Ce n'est pas par hasard que les penseurs d'aujourd'hui parlent plus
volontiers de la condition de l'homme que de Sa nature. Par condition ils
entendent avec plus ou moins de clarté l'ensemble des limites a priori qui
esquissent Sa situation fondamentale dans l'univers. Les situations historiques
varient: L’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur
féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être
dans le monde, d'y être au travail, d'y être au milieu d'autres et d'y être
mortel... Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne me
reste-t-il tout à fait étranger parce qu'ils se présentent tous comme un essai
pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s'en
accommoder. "[1]
Dans
ce texte Sartre refuse une idée, celle d’une humanité inscrite dans une
essence, donnée à la naissance : pour l’auteur il faut parler plutôt de
condition universelle de l’homme.
Dans
une deuxième partie il analyse cette universalité de condition selon deux
points de vue - D’un point de vue objectif, la condition humaine ne tient pas à
des situations historiques particulières mais à une situation universelle dans
la mesure où tout homme rencontre des limites comme le travail, autrui, la
mort… : sur le plan subjectif chaque homme par son projet tente d’assumer
ses limites en les refusant, les acceptant ou les dépassant, ce qui fonde une
intersubjectivité et donc une compréhension d’autrui toujours possible.
En
suivant, la rigueur des enchaînements, l'articulation de la
démonstration, il en découle que :
- Que l'existence précède l'essence, cela signifie que l'homme commence à exister avant d'être ceci ou cela, qu'il est toujours par- delà l'essence et que, n'étant pas déterminé par elle, il est liberté.
- Parce que l'existence est d'abord projet, c'est le futur qui donne sens à mon action présente et à ce qui sera mon passé.
- Comme l'existence est choix, elle est du même coup responsabilité totale de ses choix, actes accomplis ou valeurs qui l'orientent.
Les
variations et le changement des situations historiques modifient-ils ou non la
condition humaine ?
« L'entreprise
visant à définir et à préciser les caractères de la condition humaine peut
sembler bien difficile a priori, tant les traits qui caractérisent celle-ci
sont nombreux et interdépendants, donc difficilement isolables. En fait, elle
peut être menée à bien dès lors que l'on indique explicitement le niveau de
généralité auquel on se situe. Sartre, pour sa part, récuse d'emblée l'idée
d'une essence universelle, signalant par là qu'il n'entend pas définir jusque
dans ses moindres détails un ensemble de propriétés stables (une « essence »)
qui réglerait, comme dans les conceptions essentialistes traditionnelles, le
devenir humain.
Il ne
s'engage donc que dans une caractérisation générale de la condition humaine,
insistant surtout sur deux aspects-clés de cette condition : comme être vivant,
l'homme doit mourir, et son activité se déploie en une « présence au monde »
(qui implique sans doute, pour Sartre, conscience d'être au monde et conscience
de soi) ; comme être de culture, l'homme doit travailler et vivre en société.
On le voit, ces déterminations sont si générales qu'elles peuvent être reconnues
comme universelles, et conciliées avec les différences propres à la
diversification culturelle qu'un simple examen des données sociales et
historiques met en évidence.
D'ailleurs,
parler d'« esquisse » d'une « situation fondamentale dans l'univers », c'est
souligner le caractère inachevé, riche de virtualités et d'ouverture, qu'un tel
statut donne à l'homme, pensé dans sa différence spécifique par rapport à
l'animal. Il reste qu'on peut se demander si la variation des situations
historiques n'a aucune incidence essentielle sur un tel statut. On devine en
effet qu'une telle variation ne peut, selon Sartre, modifier les traits
fondamentaux de la condition humaine, même si, de toute évidence, elle
différencie les êtres ou les types de réalisation existentielle (chaque
culture, par exemple, engendre ses propres valeurs et, par-delà, des « modèles
de comportement » voire, selon le concept du sociologue Kardiner, une «
personnalité de base »).
C'est
donc à ce niveau que la thèse de l'auteur peut être discutée ou nuancée. Si
l'on reprend les déterminations biologiques, on remarque que la mort, certes,
est le lot de tout être humain. Mais il faut tout de suite dépasser une
affirmation aussi banale pour remarquer que la situation de chacun en face de
la mort varie considérablement en fonction des données sociales. »[2]
« D’un
point de vue objectif, la condition humaine ne tient pas à des situations
historiques particulières mais à une situation universelle dans la mesure où
tout homme rencontre des limites comme le travail, autrui, la mort…
Sur
le plan subjectif chaque homme par son projet tente d’assumer ses limites en
les refusant, les acceptant ou les dépassant, ce qui fonde une
intersubjectivité et donc une compréhension d’autrui toujours possible.
Le
problème et les enjeux : L’existentialisme est une réflexion sur
l’existence humaine qui pour Sartre est avant tout liberté. Pour l’homme,
« l’existence précède l’essence », car une personnalité n’est pas
construite sur un modèle dessiné d’avance et pour un but précis car c’est moi
qui choisit de m’engager dans telle entreprise. Ce n’est pas que Sartre nie les
conditions contraignantes de l’existence humaine, mais il répond à Spinoza qui
affirmait que l’homme est déterminé par ce qui l’entoure. »[3]
RD
[1] Jean-Paul
SARTRE, L'Existentialisme est un humanisme p.67,69 – Nagel, http://www.philagora.net/grenier/sartre.php
"L'avenir de l'humanité est devenu l'enjeu majeur du XXIe siècle. Cette préoccupation nous concerne tous" car Dieu ou du moins celui qui a légué la terre l'Homme pensait lui en faire un cadeau extraordinaire qu'il ne trouvera nulle part ailleurs dans l'univers.
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