jeudi 22 août 2013

Le bonheur et la condition humaine





La sagesse humaine ne consisterait-elle pas à apprivoiser, harmoniser cette dualité fondamentale de notre être ? 

La question du bonheur[1] semble être centrale dans l’existence humaine. De nombreux philosophes s’accordent pour reconnaître que le bonheur est l’aspiration fondamentale de l’homme et le but de toutes ses actions.  Aristote disait dans « Éthique de Nicomaque » que « Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et au bonheur, c'est là une chose manifeste. ». Aristote, dans cet ouvrage, cherche ce qu’est le souverain Bien, c’est-à-dire le bien suprême que l’on recherche pour lui-même. Et pour lui, tous les choses recherchées telles que la gloire, la richesse, etc… ne le sont pas pour eux-mêmes mais toujours en vue du bonheur. Pourtant, si tous les philosophes reconnaissent cette quête du bonheur, leur accord s’arrête là.

Comme le remarquait Sénèque dans « De vita beata », « Dans la vie, c'est le bonheur que veulent tous les hommes ; mais s'agit-il de voir nettement en quoi consiste ce qui peut réaliser la vie heureuse, ils ont un nuage devant les yeux. » Qu'il s'agisse d'un état de satisfaction durable ne nous aide pas, tant que nous n'arriverons pas à définir ce qui peut nous satisfaire. Ainsi, le philosophe latin Verron, dans son traité sur « La philosophie », dénombrait ainsi pas moins de 248 définitions différentes du bonheur.  De manière commune, on reconnaît dans le bonheur un état de sérénité, de paix assez durable et stable. Le bonheur se définit généralement comme un état de satisfaction complète et de plénitude. Il est donc distinct du plaisir, bien-être agréable essentiellement d'ordre sensible. Le premier correspond à un repos complet et se donne comme éternité. On ne peut concevoir un bonheur qui ne durerait qu'un bref instant. C'est le plaisir qui appartient à l'ordre du temps : il est marqué par une durée. Le bonheur est aussi distinct de la joie. 

Elle représente comme l'a vu Spinoza, un passage d'une perfection moindre à une perfection supérieure, un état où la puissance d'action de mon corps est augmentée.

Or, traditionnellement, le bonheur n'est pas un mouvement, il est statique telle la béatitude du sage. Le terme « incompatible » désigne une impossibilité à lier deux termes ou deux objets ensembles. On parle d’incompatibilité entre des personnes quand ces dernières ne peuvent pas s’entendre ni coexister. Il s’agit donc de savoir ici si le bonheur, cette plénitude peut coexister et se réaliser avec la condition humaine.

Mais que peut-on ajouter au discours sur la condition humaine ? L’expression désigne la situation dans laquelle l’homme est placé de par sa nature mais aussi de par celle du monde qui l’environne et dans lequel il évolue. Or la condition humaine semble se caractériser par la faiblesse et la finitude. Est-il alors possible de goûter cette sérénité nécessaire au bonheur avec l’idée de la mort et des dangers du monde ? L’idée de bonheur n’est-il pas plutôt dédiée aux Dieux ? Cependant, n’est-il pas possible de considérer un espace où l’homme puisse affronter le monde sereinement, sans crainte ? L’ataraxie[2] que cherchent les Stoïciens est-elle possible à réaliser ? Enfin, on peut se dire que c’est la condition même de l’être humain qui donne corps à l’idée de bonheur.
RD

[2] L’ataraxie désigne la tranquillité de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie de l’existence. Elle devient ensuite le principe du bonheur (eudaimonia) dans le stoïcisme, l’épicurisme et le scepticisme. Elle provient d’un état de profonde quiétude, découlant de l’absence de tout trouble ou douleur. Cette notion apparaît à l'époque d'Épicure. C’est un état mental où l'on n'est pas atteint par ce qui se passe autour de nous, toutes les préoccupations nous semblent étrangères.

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