Dépassé l’âge de
soixante-cinq ans, on ne peut que rechercher la Vérité avec un grand V sur tout
ce qui concerne l’HOMME. Il n’y plus de place et surtout, aucun temps à perdre
dans les dédales de l’ignorance, des croyances non fondées et surtout, de la
fabulation sous toutes ses formes,...
Autrefois,
peu de gens parvenaient à la cinquantaine sans être éclopées d’une manière ou
d’une autre. Maintenant, une majorité de personnes dans les pays industrialisés
franchissent allègrement les frontières de la soixantaine et gardent en bonne
partie la vigueur de leur vingt ans : Aujourd'hui, l'espérance de vie est
estimée à 79 ans et plus – contre 49 ans au début du 20ème siècle – avec une
perte d'autonomie de plus en plus tardive. La retraite est désormais vécue
comme une « deuxième vie » modifiant ainsi largement l'approche traditionnelle
de la vieillesse.
Mais,
si l’on remonte encore plus loin dans le temps, la longévité en moyenne ne
dépassait guère les 25 ans d’âge. Qu’est-ce qui a donc changé la donne à ce
point? La réponse est simple : c’est l’évolution culturelle, le savoir-faire
des hommes qui a finalement primé sur l’évolution naturelle dans le cheminement
chronologique vers l’homme moderne, l’Homo Sapiens. Dans une perspective chronologique
plus large, les apports cumulatifs de milliers de générations d’hommes ont
finalement porté fruit et transformé notre cadre de vie et les moyens de
maîtriser notre environnement terrestre, allongeant ainsi la longueur de notre
existence et la qualité de vie.
À ce propos,
écoutons parler le célèbre Yves Coppens, lors d’un discours devant
l’Académie des Beaux-Arts, concernant « les origines
de l’Homme, le bouquet des ancêtres »[1] :
Que
dit-il sur l’évolution humaine? :
« Le développement culturel a évolué à
l’ombre de l’évolution biologique, de façon insidieuse, et ce n’est qu’il y a
100 000 ans que les tendances se sont inversées : le développement culturel
devient tel qu’il va dépasser le développement naturel et le laisser en plan.
Lorsqu’une population se trouve agressée par un agent extérieur, au lieu de
réagir biologiquement en prenant le temps, elle va réagir culturellement, de
manière beaucoup plus rapide ; et à partir du moment où elle a trouvé la parade
culturelle, elle n’a plus besoin d’évolution naturelle. »
Q. Dans notre société aujourd’hui, qu’est-ce qui vous paraît essentiel à
dire ?
Sur la mondialisation : « Elle me plaît bien, cette manière dont la
société humaine se développe, et comme sur le plan technologique le nombre de
supports s’est élargi rapidement, et la communication à travers le monde est
immédiate quel que soit l’endroit où l’on puisse se trouver. Cela permet aux
gens de se parler ; je pense que se parler est
essentiel, et que se sourire est important. C’est d’autant plus possible qu’on
se transmet aujourd’hui des messages sous forme écrite mais aussi sous forme
iconographique.
Pour
Yves Coppens[2],
la mondialisation est un prolongement logique et fascinant de l’évolution
humaine : « Je trouve cette évolution intéressante, intelligente,
et tout à fait dans le sens du génie de l’humanité, que j’apprécie et j’admire.
Je suis très admiratif de l’humanité. »
Q. L’événement ou la tendance de ces dernières années qui vous laisse le
plus d’espoir ?
« Cette facilité qu’ont les gens d’aller se rencontrer. »
Yves Coppens dit avoir « grande confiance en l’humanité » et
clame la nécessité de conserver la diversité culturelle, car langages, chants,
poésies, gastronomies, « tout ce qui est superflu et en fait essentiel »,
constituent la richesse du patrimoine du monde.
N’est-ce pas une bonne indication à
suivre pour les hommes qui, maintenant peuvent prolonger leur vie, en très
grand nombre, vers des frontières d’âge rarement atteinte autrefois.
Ce
LIEN culturel lié au vieillissement humain prolongé qui nous échappe encore en
grande partie à l’heure actuelle, est une richesse à développer pour l’homme
qui avance en âge et pour ses contemporains. Celui-ci devient partenaire d’un accroissement
de la longévité partagée par de plus en plus d’hommes et de femmes, une première mondiale pour l’humanité.
Dans
la longue histoire de l’évolution de l’Homme, les apports magistraux de la
SCIENCE et de la CULTURE aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, ont marqué le début
d’une révolution démographique qui a fait de nous les maîtres incontestés de la
terre. La méthode scientifique appliquée à tous les champs d’expérimentations
dans tous les domaines de la connaissance, a produit des résultats phénoménaux notamment
sur le plan de la mortalité infantile, des maladies contagieuses ou encore en
modifiant les conditions sanitaires, l’alimentation, l’organisation sociale,
etc. Le développement de nouvelles technologies et leurs applications (agriculture,
vapeur, électricité, chimie, physique, médecine, informatique, etc.) ont
contribué sans l’ombre d’un doute à modifier les conditions économiques et sociétales
des humains et à créer un environnement vital propice à la survie, prolongeant progressivement
l’existence humaine et instaurant ainsi potentiellement le confort matériel à
l’échelle planétaire.
Aujourd’hui,
en ce début de XXIe siècle, nous sommes confrontés à de nouvelles contraintes :
une économie mondialisée, une surpopulation associée à une sur-utilisation des
ressources naturelles, des changements climatiques liés à un réchauffement à
l’échelle planétaire, une mauvaise allocation des ressources alimentaires ou de
l’eau, au niveau mondial, et bien d’autres maux ou plaies (le Sida, les
conflits guerriers nationaux et internationaux, le terrorisme, les disparités
liées à la faim et à la pauvreté,…).
Les changements prévisibles sont tels
que l’on est en droit de se poser la question suivante : où en est rendue
la condition humaine, celle qui fonde la civilisation présente et détermine l’avenir
de l’humanité ? Quelles sortes de progrès anticipons-nous pour nous-mêmes et
nos proches descendants ? Voilà! La discussion est lancée.
RD
[1]
Émission Canal Académie, France.
[2]
Pilier de la paléontologie
contemporaine française, Yves Coppens, à l’Académie des sciences depuis 1985,
reste aux yeux du grand public comme le codécouvreur, en 1974, de la fameuse Lucy,
ce fossile éthiopien qui a révolutionné notre perception des origines de
l’homme.
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