Le
mot humanité[1]
désigne à la fois l'ensemble des individus appartenant à l'espèce humaine (Homo
sapiens) mais aussi les caractéristiques particulières qui définissent
l'appartenance à cet ensemble.
Un
autre usage de ce mot désigne des traits de personnalité d'un individu qui, par
exemple, amplifient les qualités ou les valeurs considérées comme essentielles
à l'humain, telles que la bonté, la générosité dans les civilisations. Le
concept d'humanité est aussi à rapprocher de la notion de nature humaine qui souligne l'idée que les êtres humains ont en
commun certaines caractéristiques essentielles, une nature limitée et des
comportements spécifiques. Ce qui les différencie des autres espèces animales.
La
question qui se pose est donc double. D'une part, on doit s'interroger sur le «
propre de l'homme » : quelles sont les particularités de la physiologie et du
comportement humain que l'on ne retrouve pas dans le reste du règne animal ? Et
d'autre part, cette notion pose la question de l'unité de l'homme : dans quelle
mesure ces spécificités sont-elles véritablement partagées par tous les membres
de l'espèce humaine, avec notamment le problème posé par l'ethnocentrisme qui
essentialise des caractéristiques (par exemple la couleur de la peau) ou des
comportements propres à tel ou tel groupe humain ou à telle tradition culturelle
et qui, par conséquent, refuse le statut d'humain à des individus d'une autre
ethnie.
Ces questions ont d'abord été
abordées sous les angles de la philosophie et de la religion. Une illustration célèbre de ces
débats fut la controverse de Valladolid (en 1550) qui posa la question du
statut des Indiens d'Amérique. Par la suite, et notamment à partir du XVIIIe
siècle, ces questions seront reprises dans une perspective scientifique
croisant les approches de la zoologie, de l'éthologie, de l'anthropologie, de
la génétique et de la paléoanthropologie. Bien que reposant sur une démarche
scientifique, ces approches ont été et continuent parfois d'être critiquées
pour ce qu'elles restent influencées, voire biaisées, par les idéologies des
sociétés contemporaines. De nos jours, les différentes conceptions de
l'humanité ont des implications morales, éthiques, scientifiques, juridiques et
environnementales qui s'expriment, par exemple, dans les débats sur la
personnalité juridique de l'embryon humain ou le statut des grands singes.
L'humanité est un terme qui a
plusieurs sens.
Dans un premier sens, elle désigne l'ensemble des êtres humains : elle a une
dimension principalement biologique et descriptive en rapport avec l'évolution
des espèces. C'est un synonyme des Homo sapiens.
Dans un deuxième sens, évaluatif, elle insiste sur l'unité constitutive du groupe
humain et prend une dimension morale à prétention normative sur les visions
tendant à créer une distinction entre ses membres. La source de cette unité
constitutive est problématique : le patrimoine génétique, le partage d'une
rationalité idéologique, d'un rapport à l'existence, ou encore la
reconnaissance mutuelle : dans cette acception, l'humanité dispose d'une force
expressive qui dépasse le débat du fondement conceptuel. Cette définition est
celle qui donne sens au Crime contre l'humanité et trouve un écho dans les
questions de discriminations.
Enfin,
dans
un troisième sens, également évaluatif, l'humanité désigne une
prescription proprement comportementale, pour certains relevant d'un modèle
existant mais qui, pour d'autres, représente une idée vers laquelle tend notre
espèce. Cette définition exprime son sens lorsque les actes réalisés par les
genres sont relevés comme manquant d'humanité, ou encore qualifiés d'«
inhumains ». C'est dans cette unique acception que prennent également sens les
jugements populaires selon lesquels certains animaux ont plus d'humanité que
certains humains.
RD
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