« C’est une caractéristique
fondamentale de la condition humaine que de s’interroger sur le pourquoi des
choses qui nous entourent et sur notre propre destinée. »[1]
DÉFINITIONS :
- Croire : Le verbe vient du latin credere, qui signifie "tenir pour vrai", "faire confiance". La croyance implique donc l'idée d'une absence de connaissance, car il s'agit toujours de « se fier » au témoignage d'autrui.
- Dieu : Être suprême, créateur de l'univers, adoré dans les religions monothéistes
Croyance et raison semble s’exclure
mutuellement : comment en effet la raison qui veut rester honnête
peut-elle accepter une proposition (par exemple : « Dieu
existe ») alors qu’un doute demeure ? Aussi, nous posons-nous dans un
premier temps la question suivante, qui englobe celle de notre sujet :
- Est-il raisonnable de croire (en quoi que ce soit) ?
Si
notre enquête montre que non, alors, a fortiori, il sera déraisonnable de
croire en Dieu. Si, en revanche, il est raisonnable de croire, alors, nous
serons amenés à nous poser une seconde question :
- En quel Dieu est-il raisonnable de croire ?
Que
faut-il entendre par "déraisonnable" ? On pense à l'idée de preuve
rationnelle de l'existence de dieu, mais aussi à l'idée de forte probabilité
comme le fait Pascal. Mais, ne faut-il distinguer "rationnel" et
"raisonnable" : les mathématiques sont rationnelles, et en ce sens
qui n'y adhère pas est dans l'erreur, mais certains comportements sont
raisonnables, et ne pas y souscrire est, non pas une erreur, mais une attitude
moralement négative, ou insensée ? Ne pas respecter le "rationnel",
c'est faire une erreur, ne pas respecter le "raisonnable", c'est
fauter voire pécher. La raison peut-elle toujours justifier la croyance en Dieu
? Pourquoi serait-il plus déraisonnable que raisonnable de croire en Dieu ?
Dans quelle mesure croire en Dieu serait-il absurde, contraire à la raison ? La
croyance en Dieu relève de la conviction et non de la certitude.
Pour
Kant, c'est une certitude morale et non logique. Dieu est indémontrable ; il
n'est pas rationnel (la croyance s'oppose à la science, mais dépasse
l'opinion). Pourquoi la raison et la foi seraient-elles incompatibles ? La
croyance est-elle nécessairement irrationnelle ? Ne peut-on choisir entre
croire librement et raisonnement ? Le doute pascalien montre que la raison est
en exercice dans la foi, la croyance n'est pas qu'une adhésion passive à un
dogme, elle nécessite une délibération, un pari. L'adhésion à un dogme
religieux a aussi son efficacité : celle de moraliser l'homme. La religion est
une forme de sociabilité[1]
comme le montrera Rousseau.
La réflexion de Pascal
Voici comment Pascal voit la condition humaine et la place de
Dieu :
« En
voyant l'aveuglement et la misère de l'homme, en regardant tout l'univers muet
et l'homme sans lumière abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de
l'univers sans savoir qui l'y a mis, ce qu'il y est venu faire, ce qu'il
deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j'entre en effroi comme
un homme qu'on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui
s'éveillerait sans connaître et sans moyen d'en sortir. Et sur cela j'admire
comment on n'entre point en désespoir d'un si misérable état. Je vois d'autres
personnes auprès de moi d'une semblable nature. Je leur demande s'ils sont
mieux instruits que moi. Ils me disent que non et sur cela ces misérables
égarés, ayant regardé autour d'eux et ayant vu quelques objets plaisants s'y
sont donnés et s'y sont attachés. Pour moi je n'ai pu y prendre d'attache et considérant
combien il y a plus d'apparence qu'il y a autre chose que ce que je vois j'ai
recherché si ce Dieu n'aurait point passé quelque marque de soi. »[2]
RD
[1]
Références utiles : Pascal, les Pensées ; Kant, Critique de la raison pure.
[2] Pascal,
Pensées, http://www.webphilo.com/textes/voir.php?numero=453061729
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire