mercredi 4 septembre 2013

Dieu et la condition humaine






« C’est une caractéristique fondamentale de la condition humaine que de s’interroger sur le pourquoi des choses qui nous entourent et sur notre propre destinée. »[1]

Jean Staune



DÉFINITIONS :

  • Croire : Le verbe vient du latin credere, qui signifie "tenir pour vrai", "faire confiance". La croyance implique donc l'idée d'une absence de connaissance, car il s'agit toujours de « se fier » au témoignage d'autrui.
  • Dieu : Être suprême, créateur de l'univers, adoré dans les religions monothéistes
Croyance et raison semble s’exclure mutuellement : comment en effet la raison qui veut rester honnête peut-elle accepter une proposition (par exemple : « Dieu existe ») alors qu’un doute demeure ? Aussi, nous posons-nous dans un premier temps la question suivante, qui englobe celle de notre sujet :

  1. Est-il raisonnable de croire (en quoi que ce soit) ?
Si notre enquête montre que non, alors, a fortiori, il sera déraisonnable de croire en Dieu. Si, en revanche, il est raisonnable de croire, alors, nous serons amenés à nous poser une seconde question :

  1. En quel Dieu est-il raisonnable de croire ?
Que faut-il entendre par "déraisonnable" ? On pense à l'idée de preuve rationnelle de l'existence de dieu, mais aussi à l'idée de forte probabilité comme le fait Pascal. Mais, ne faut-il distinguer "rationnel" et "raisonnable" : les mathématiques sont rationnelles, et en ce sens qui n'y adhère pas est dans l'erreur, mais certains comportements sont raisonnables, et ne pas y souscrire est, non pas une erreur, mais une attitude moralement négative, ou insensée ? Ne pas respecter le "rationnel", c'est faire une erreur, ne pas respecter le "raisonnable", c'est fauter voire pécher. La raison peut-elle toujours justifier la croyance en Dieu ? Pourquoi serait-il plus déraisonnable que raisonnable de croire en Dieu ? Dans quelle mesure croire en Dieu serait-il absurde, contraire à la raison ? La croyance en Dieu relève de la conviction et non de la certitude.

Pour Kant, c'est une certitude morale et non logique. Dieu est indémontrable ; il n'est pas rationnel (la croyance s'oppose à la science, mais dépasse l'opinion). Pourquoi la raison et la foi seraient-elles incompatibles ? La croyance est-elle nécessairement irrationnelle ? Ne peut-on choisir entre croire librement et raisonnement ? Le doute pascalien montre que la raison est en exercice dans la foi, la croyance n'est pas qu'une adhésion passive à un dogme, elle nécessite une délibération, un pari. L'adhésion à un dogme religieux a aussi son efficacité : celle de moraliser l'homme. La religion est une forme de sociabilité[1] comme le montrera Rousseau.

La réflexion de Pascal

Voici comment Pascal voit la condition humaine et la place de Dieu :

« En voyant l'aveuglement et la misère de l'homme, en regardant tout l'univers muet et l'homme sans lumière abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l'univers sans savoir qui l'y a mis, ce qu'il y est venu faire, ce qu'il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j'entre en effroi comme un homme qu'on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s'éveillerait sans connaître et sans moyen d'en sortir. Et sur cela j'admire comment on n'entre point en désespoir d'un si misérable état. Je vois d'autres personnes auprès de moi d'une semblable nature. Je leur demande s'ils sont mieux instruits que moi. Ils me disent que non et sur cela ces misérables égarés, ayant regardé autour d'eux et ayant vu quelques objets plaisants s'y sont donnés et s'y sont attachés. Pour moi je n'ai pu y prendre d'attache et considérant combien il y a plus d'apparence qu'il y a autre chose que ce que je vois j'ai recherché si ce Dieu n'aurait point passé quelque marque de soi. »[2]
 
RD

[1] Références utiles : Pascal, les Pensées ; Kant, Critique de la raison pure.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire