Auteur de l'article[1] :
Chems Eddine Chitour
Ingénieur
de l’École Polytechnique d’Alger de l’IFP, docteur Ingénieur et docteur ès
Sciences. Celui-ci enseigne la thermodynamique et l’économie du pétrole à l’École
Polytechnique d’Alger. Chems Eddine Chitour apporte un éclairage
particulier sur le sujet en citant divers auteurs très novateurs dans leur
questionnement.
« La
probabilité que notre univers soit issu du hasard est comparable à celle d'un
archer réussissant à planter sa flèche au milieu d'une cible carrée de 1 cm de
côté et située à l'autre bout de l'univers », selon Trinh Xuan Thuan
(Astrophysicien).
Le
titre assez provocateur est là pour attirer l'attention sur le débat sur
l'existence de Dieu dans ce XXIe siècle où la science réalise des prouesses et
où l'homme est de plus en plus barbare. « Si Dieu n'existe pas, alors tout est
permis », écrivait Dostoyevski dans les « Frères Karamazov ». Pourtant, des
scientifiques et non des moindres - ne confondant pas leur travail scientifique
avec leur conviction personnelle - sont dans le doute. Beaucoup d'entre eux ont fait le saut. Ils revendiquent leur croyance
en un « principe créateur » qui règle d'une façon parfaite le mouvement de
l'Univers.
Il
est vrai que plus on plonge dans l'infiniment petit, plus on trouve que les
limites nous échappent, Plus on plonge dans l'infiniment grand, on s'aperçoit
que la Terre est une poussière dans le tohu-bohu, une sorte de chaos initial
universel que Dieu a mis en ordre. De l'infiniment petit à l'infiniment grand,
l'homme se donne un sentiment de puissance bâti sur du vent et chaque événement
survenu le remet à sa place.
Le
mythe de Prométhée a toujours accompagné l'homme, ce « tard » venu dans la création,
dans sa folie des grandeurs, insultant de ce fait l'ordre harmonieux du monde
qui fait que chaque astre tourne sur une orbite et il suffirait d'une petite
erreur dans « les calculs », dans la précision des vingt constantes
universelles pour que le système de l'Univers tel que nous le voyons n'ait
jamais paru. Et pourtant, il est là disent les physiciens, depuis le Big Bang,
il y a 15 milliards d'années.
Ce que dit la Physique
On
sait justement que le big bang nous a fait découvrir une histoire imprévue et
fantastique. Il a eu une naissance, grandiose, il grandit maintenant, et peut-être
connaîtra-t-il un jour la vieillesse, et la mort. L'histoire connue commence alors
que l'univers avait déjà atteint l'âge de 10-43 secondes. - le temps de Planck.
Avant, on ne sait rien. Cette période inconnue est d'une brièveté inouïe : À
cet « âge » de 10-43 secondes, l'Univers était vraiment tout petit : il était
alors des millions de milliards de fois plus petits qu'un atome ! Il était
chaud, une fièvre gigantesque, cosmique ! Des milliards de milliards de degrés
! Puis, pour une raison inconnue, que les scientifiques ne s'expliquent pas, le
vide si vivant s'est mis à enfler. C'est comme si quelqu'un a donné le signal
du début. En moins de temps, nous dit Françoise Harrois-Monin, qu'un battement
de cil (entre 10-43 et 10-32 seconde), son volume a été multiplié par 1050 ! Et
sans que l'on sache pourquoi, sont apparues les premières particules de matière.
Après cette barrière fatidique des trois cent mille ans, des nuages de gaz se
sont formés. Ils donnèrent naissance aux milliards de galaxies pendant près de
15 milliards d'années. Une minuscule poussière - Notre Terre - en faisait partie.
(1)
Le « visage de Dieu » ? C'est l'expression qu'utilisa
l'astrophysicien George Smoot (prix Nobel 2006) lorsque le 23 avril 1992, il réussit,
grâce au satellite Cobe, à prendre des photos de la naissance de l'Univers tel
qu'il émergeait des ténèbres cosmiques tout juste 380.000 ans après le big
bang. Depuis, cette expression a fait le tour du monde. Les frères Bogdanov,
auteurs d'un ouvrage : « Le visage de Dieu », résument leur ouvrage : Oui, Dieu
existe. L'image d'un ordre extrêmement précis est associée à la première lumière
qui précède le big-bang. Robert W. Wilson tout à fait par hasard, en 1965, a découvert
le rayonnement fossile, qui est l'écho de l'immense explosion originelle.(2)
Cette
réflexion élégante du mystère de l'harmonie de l'Univers nous est donnée par
une série d'entretiens du philosophe Jean Guitton avec les deux astrophysiciens
biens connus Igor et Grichka Bogdanov. Écoutons-les : « Rappelons-nous que la réalité
tout entière repose sur un petit nombre de constantes cosmologiques : moins de
quinze. Il s'agit de la constante de gravitation, de la vitesse de la lumière,
du zéro absolu, de la constante de Planck, etc. Nous connaissons la valeur de
chacune de ces constantes avec une remarquable précision. Or, si une seule de
ces constantes avait été un tant soit peu modifiée, alors l'univers - du moins
tel que nous le connaissons -, n'aurait pas pu apparaître. Un exemple frappant
est donné par la densité initiale de l'Univers : si cette densité s'était écartée
un tant soit peu de la valeur critique qui était la sienne dès 10-35 seconde
après le big bang, l'Univers n'aurait pas pu se constituer. Aujourd'hui, le
rapport entre la densité critique de l'Univers et la densité critique
originelle est de l'ordre de 0,1 ; or il a été incroyablement près de 1 au départ,
jusqu'à laquelle nous remontons. L'écart avec le seuil critique a été
extraordinairement faible (de l'ordre de 10-40) un instant après le big bang de
sorte que l'univers a donc été « équilibré » juste après sa naissance. Ceci a
permis le déclenchement de toutes les phases qui ont suivi. »(3)
Ceci
rejoint la probabilité de l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan cité plus haut. De
plus, « l'origine de la vie, déclare Francis Crick, prix Nobel de Biologie,
paraît actuellement tenir du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour
la mettre en oeuvre ». Nous sommes donc en présence du mystère de la création
de l'Univers, de la vie sous toutes ses formes et de l'avènement de l'homme, ce
tard venu dans l'échelle du temps. De même, George Ellis, astrophysicien
anglais avoue que l'ajustement si précis des lois de l'Univers est un miracle :
« Un ajustement stupéfiant se produit dans les lois de l'univers, rendant la
vie possible. En réalisant cela, il est difficile de ne pas utiliser le terme ´´miracle´´
sans prendre position sur le statut ontologique de ce monde » (G.Ellis, le
principe anthropique) Enfin, Paul Davies, célèbre astrophysicien britannique,
s'émerveille lui aussi de l'ajustement de cette horloge : « Il y a pour moi des
preuves très fortes que quelque chose se passe derrière tout ça...on a
l'impression que quelqu'un a ajusté ces nombres des lois de la nature afin de
créer l'univers...la sensation d'un dessein intelligent est débordante »
(P.Davies, l'empreinte cosmique, p.203.)
Ce que disent les scientifiques de
l'existence de Dieu
On
dit que beaucoup de scientifiques ont un rapport à Dieu de plus en plus net car
basé sur une foi qui n'est pas celle du « charbonnier ». Pour l'écrivain Jim
Holt dans son livre ´´La Science a ressuscité Dieu´´, il écrit : « Je me
rappelle avoir vu il y a quelques mois un sondage dans le magazine scientifique
« Nature » qui indiquait que presque la moitié des physiciens, biologistes et
mathématiciens américains croyaient en Dieu, et pas seulement en une
abstraction métaphysique mais en une entité qui se soucie des affaires humaines
et qui entend nos prières, c'est-à-dire le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob »
http://www.thesigns.fr/ces-scientif... 25 Août, 2011.
Ainsi,
même si « on a longtemps pensé que la science allait chasser la fonction
religieuse, c'était une erreur », comme le souligne l'astrophysicien Hubert
Reeves. On rapporte l'angoisse d'Einstein qui n'hésitait pas à écrire que « la
science s'arrête aux pieds de l'échelle de Jacob ». Si Einstein est respecté et
écouté, il n'en est pas moins, à la fin de sa vie, en butte aux jeunes
physiciens qui proposent une théorie basée sur les incertitudes (Heisenberg,
Bohr). Einstein n'adhère pas à cette vision probabiliste de la réalité. Pour
lui, Dieu ne joue pas aux dés. Il refuse que le résultat d'une expérience ne
puisse être unique et prédit avec certitude.
Dans
ce qui suit nous allons rapporter, et sans être exhaustif les réflexions de
scientifiques connus. Le savant anglais Sir William Herschel (1738-1822),
fondateur de l'astronomie stellaire écrit : « Plus le domaine de la science s'étend,
plus nombreux deviennent les arguments puissants et irréfutables prouvant
l'existence d'un Créateur éternel à la puissance illimitée et infinie. Les géologues,
les mathématiciens, les astronomes et les naturalistes ont tous collaboré à bâtir
l'édifice de la science qui est, en vérité, le socle de la Grandeur suprême de
Dieu l'unique ».
Le plus grand nom de la bactériologie, Louis Pasteur affirme : « Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène. » William Thomson (1824,1907) fondateur de la thermodynamique, disait : « La science affirme positivement l'existence d'un pouvoir créateur qu'elle nous pousse à accepter comme un article de foi. » il dit aussi : « Ne soyez pas effrayés d'être des penseurs libres. Si vous pensez suffisamment fort, vous serez contraints par la science à croire en Dieu. » Thomas Edison (1847,1931) celui qui inventa l'ampoule électrique affirme : « J'admire tous les ingénieurs, mais surtout le plus grand d'entre eux : Dieu ! ».
Anthony
Flew est un des plus grands philosophes athées de ce siècle, il a choisi l'athéisme
à l'âge de 15 ans, et après l'avoir défendu pendant plus de 54 ans, à 81 ans il
annonce avec regret : « Comme les gens ont été certainement influencés par moi,
je veux essayer de corriger les énormes dommages que j'ai dû occasionner. » Il
affirme, expliquant les raisons de son retour : « Les recherches des
biologistes sur l'ADN ont montré, par la complexité presque inconcevable des
arrangements nécessaires pour produire [la vie], qu'une intelligence devait nécessairement
être impliquée. » Max Planck, physicien allemand fondateur de la physique
quantique moderne disait : « Toute personne s'intéressant sérieusement à la
science, quel que soit le domaine, lira les inscriptions suivantes sur la porte
du temple de la connaissance : « Crois. » La foi est une caractéristique dont
ne peut se passer un scientifique. » (Max Planck, « Where Is Science Going ? »,
Allen & Unwin, 1933, p. 214 (4)
Ancien
directeur à la Nasa, l'homme qui a fait alunir Armstrong, Werner Von Braun a déclaré
: « On ne peut être confronté à la loi et à l'ordre de l'Univers sans conclure
qu'il doit exister une conception et un but derrière tout ça... Plus nous
comprenons les complexités de l'Univers et ses rouages, plus nous avons des
raisons de nous étonner de la conception inhérente qui le sous-tend... Être
forcé de ne croire qu'en une seule conclusion - que tout dans l'Univers soit
apparu par le fait du hasard - violerait l'objectivité de la science elle-même...
Quel processus aléatoire pourrait produire le cerveau d'un homme ou le système
de l'oeil humain ?... » (Dennis R. Petersen, « Unlocking the Mysteries of
Creation, Creation »).
Dembski,
un des savants mathématiciens renommés de notre époque, souligne que la science
est une tentative pour comprendre le monde : « Le monde est la création de
Dieu, et les savants dans leur compréhension du monde reconstituent simplement
les pensées de Dieu. Les savants ne sont pas des créateurs mais des découvreurs...
La chose importante concernant l'acte de création est qu'elle révèle le Créateur.
L'acte de création porte toujours la signature du Créateur. » (William Dembski,
« The Act of Creation »).
Enfin,
le physicien Mehdi Golshani, de l'Université de Technologie Sharif à Téhéran,
dans une interview à Newsweek, a souligné sa croyance en Dieu et que la
recherche scientifique complète la religion : « Les phénomènes naturels sont
les signes de Dieu dans l'Univers et les étudier est pratiquement une
obligation religieuse. Le Coran demande aux humains de « parcourir la terre, et
de voir comment Il a initié la création ». Les recherches sont un acte
d'adoration, puisqu'elles révèlent les merveilles de la création de Dieu. «
Science finds god news week 20 July 1998 ».
Dieu pour les philosophes
Les
philosophes sont en première ligne de par leur vocation à s'interroger sur
l'existence ou non de Dieu. Peut-on décider qu'un événement est bon ou mal. Si «
Mais alors, que deviendra l'homme, sans Dieu et sans immortalité ? Tout est
permis, par conséquent, tout est licite ? » Personne n'a rien à nous dire sur
notre manière de vivre. En effet, s'il n'y a pas de Dieu, alors il n'y pas de règles
objectives qui dictent ce qui est bon ou mauvais. Par conséquent, dans un monde
sans Dieu, qui est en droit de dire ce qui est bien ou mal ? Est-ce par exemple
par hasard que l'Univers s'est formé ?
Pour
le philosophe Jean Guitton : « (...) Ni les galaxies et leurs milliards d'étoiles,
ni les planètes et les formes de vie qu'elles contiennent ne sont un accident
ou une simple « fluctuation du hasard. » Nous ne sommes pas apparus « comme ça »,
un beau jour plutôt qu'un autre, parce qu'une paire de dés cosmiques a roulé du
bon côté. Pour les frères Bogdanov : les lois de probabilité indiquent que ces
ordinateurs devraient calculer pendant des milliards de milliards d'années,
c'est-à-dire pendant une durée quasiment infinie, avant qu'une combinaison de
nombres comparable à ceux qui ont permis l'éclosion de l'Univers et de la vie
puisse apparaître. Autrement dit, la probabilité que l'univers ait été engendré
par le hasard est pratiquement nulle.(...) » (3)
Jean-Paul
Sartre (1905-1980) est un philosophe et écrivain français qui reçut le prix
Nobel de littérature en 1964. Il est considéré comme étant le fondateur de
l'existentialisme athée, un courant de pensée et une forme d'athéisme qui
aborde et la question de l'existence de l'Homme sans référence à un être divin
et qui prétend que Dieu et la nature humaine sont des concepts inexistants.
Vers la fin de sa vie, Jean-Paul Sartre s'est mis à reconnaître l'existence
d'un créateur.
Voici
ci-dessous ce que rapporte le magazine américain « National Review » (Examen
National) le 11 juin 1982. L'article a été écrit par Thomas Molnar, professeur
de littérature française à l'université de Brooklyn : Au printemps 1980 un mois
avant sa mort, le Nouvel Observateur publie une série d'interviews que Sartre a
eues avec l'un de ses amis, Pierre Victor (Benny Levy) « Je ne pense pas être
le résultat d'un pur hasard de simple poussière de l'Univers mais plutôt
quelqu'un qui était attendu, préparé, en bref, un être que seulement un créateur
aurait pu créer et cette idée d'une main créatrice se réfère à Dieu. » Après sa
mort, sa compagne Simone de Beauvoir publie la « cérémonie des adieux » dans
laquelle elle attaque Sartre « Tous mes amis, tous les sartriens me supportent
dans ma consternation ».
Enfin,
il faut mentionner à en croire les éditeurs du magazine « Wired », qui
rapportent en 1996 qu'en réalité, Jean-Paul Sartre se serait converti au judaïsme
probablement influencé par son ami et confident Benny Levy, juif orthodoxe.
Il y
aurait de fait un consensus des scientifiques sur l'existence d'un horloger transcendant
réglant l'univers et de ce fait observant les actes des humains qui ont le
vertige de la puissance, eux qui ne sont qu'une poussière dans l'espace et un
battement de cils dans le temps de la civilisation humaine dont l'homme est à
tort si imbu. Il reste que le Dieu des scientifiques amène à une foi plus forte
et plus assumée d’autant qu’elle ne sert pas de faire valoir ni en science
encore moins en politique. L’Abbé Lemaitre, l’un des pères du Big bang, la théorie de l’Expansion de l’Univers, avait
l’habitude de dire : « quand je rentre au Laboratoire je laisse ma soutane au
vestiaire ». Tout est dit.
Professeur Chems Eddine Chitou, École Nationale Polytechnique enp-edu.dz
RESTE À DÉFINIR QUI EST OU POURRAIT ÊTRE CE DIEU CRÉATEUR DE L’UNIVERS ?
SELON L'AUTEUR DE CE BLOG:
« AUCUNE DES RELIGIONS OU SECTES ACTUELLES ET PASSÉES N'EST À L'IMAGE DE CE DIEU CRÉATEUR ET MAÎTRE DE L'UNIVERS. LA FOI DANS LES RELIGIONS MONOTHÉISTES NE RÉSOUD PAS L'ÉNIGME DE DIEU. LE MYSTÈRE DE LA CRÉATION DE L'UNIVERS ET DE SON CRÉATEUR RESTE ENTIER ET NON RÉSOLU. POUR L'INSTANT, C'EST AU-DELÀ DE LA COMPRÉHENSION DE NOS SENS ET DE NOTRE INTELLIGENCE. »
1.
Chems Eddine Chitour : « Science, foi et désenchantement du monde », Rééd. OPU 2007.
2.
Anne-Catherine Renaud : Les frères Bogdanov : « Le visage de
Dieu », Le Matin 05.06.2010.
3. Jean
Guitton, Igor et Grichka Bogdanov : « Dieu et la science, Entretiens », Éd
Grasset 1991.
RD