À l’horizon 2030, les mutations démographiques
auront des incidences géopolitiques, économiques, sociales et culturelles
considérables. En France, les enfants du baby-boom arrivent à l’âge de la
retraite. Combien cela va-t-il coûter ? En Allemagne, la situation est
réellement préoccupante. La langue, mais aussi la culture allemande, dominantes
au XIXe siècle, sont menacées. Le pays vieillit très vite, comme l’Italie et
l’Espagne. L’arrivée de nouveaux États au sein de l’Union ne comblera même pas
ces déficits. Quant aux migrations, qu’on brandit en permanence comme une
menace, elles ont toujours existé. Même si la population mondiale augmente, le
taux de migrants varie finalement peu et on en a toujours besoin. Autant de
réalités en rupture avec les discours que l’on entend. Par stratégie électoraliste,
les politiques proposent des visions à court terme.
- Perspectives et conséquences envisagées comme probables
"Peut-être
dans 50 ans, dans 100 ans, l’humanité aura compris et vivra très bien, sera
devenue une planète verte. Peut-être aurons-nous le sort de l’Ile de Pâques,
avec une détérioration totale... On n’en sait rien. La chose à faire, c’est de
dire : nous sommes déterminés à faire ce qu’il faut faire… quoi qu’il
arrive et sachant que ça peut mal tourner, mais sachant que ça peut aussi
bien tourner." (Hubert Reeves)
Entre
2030 et 2050, pour la première fois de son histoire, l’humanité pourrait cesser
de croître et se stabiliser à 8 ou 9 milliards d’individus. La Terre affichera
alors complet. Comment 8 milliards d’êtres humains - soit presque 8 fois plus
qu’au début du 20ème siècle - vont-ils réussir à cohabiter sur cette Terre ?
Quels changements économiques, écologiques, politiques cela
impliquera-t-il ? Les réponses en chiffres sont inquiétantes, voir
terrifiantes: 5 milliards d’individus souffriront de maladies engendrées par la
pollution de l’eau, 1 être humain sur 2 vivra en deçà du seuil de pauvreté, 30
à 50 % des espèces animales et végétales auront disparues. Un peu partout
autour de la planète, scientifiques, universitaires, philosophes tirent la
sonnette d’alarme.
Hubert VEDRINE, Ancien ministre français des
Affaires étrangères
"L’Occident en perte de vitesse"
"Les
Occidentaux, c'est-à-dire nous, nous sommes habitués à diriger les choses. Cela
fait à peu près 1000 ans que le monde occidental s’ingère, détermine les
choses. Et avec les pays émergeants, plus l’affaire Islam / Occident, avec la
Chine, demain l’Inde, l’apparition de grandes entreprises multinationales
chinoises ou indiennes, c’est eux qui se mêlent de vouloir acheter des éléments
chez nous, donc résumons, l’Occident est en train de perdre le monopole de la conduite
des affaires du monde. "
"Choc des civilisations"
"L’idée
d’un choc des civilisations est combattue avec horreur par beaucoup d’esprits
bien pensants qui ne croient qu’à l’universalité des idées, surtout des nôtres,
d’ailleurs. Ce n'est pas du tout mon avis. Je pense que dans le monde actuel on
est encore très loin d’une communauté internationale, terme avec lequel on se
gargarise, mais qui ne correspond pas à une réalité d’aujourd’hui. Je pense que
c’est un très bel objectif, j’espère que l’on y arrivera un jour mais il y a un
monde avec des rapports de forces, une planète unique naturellement. Mais ce
n’est pas encore une communauté, ce n’est pas vrai."
Hugues de
JOUVENEL, Directeur générale Futuribles
"Tout dépend de comment on
vit…"
"Y a là derrière une question tout à fait
essentielle, qui est de savoir si oui ou non la planète est capable de
supporter, 8/10/12 et peut-être au-delà 15 milliards d’habitants. Ma réponse
est clairement oui. Tout dépend de comment on vit. La consommation énergétique
d’un
Lien:
- Site web "Futuribles"
Japonais n’est pas la même, à fortiori celle d’un
Sénégalais n’est pas non plus la même que celle d’un Français. Tout ça renvoie
à l’organisation collective de nos sociétés et à l’organisation de nos modes de
vie."
"Nos contemporains ont une très grave
responsabilité vis-à-vis des jeunes et vis-à-vis de l’avenir de la planète et
vis-à-vis des autres pays. Surtout quand, en Europe, on se targue d’être
porteur des grandes valeurs, etc. Ils ont une très grande responsabilité dans
le fait de résister à tout changement, de refuser une remise à plat qui, à mon
sens, ne peut être que bénéfique à tous."
Hubert REEVES,
astrophysicien
"La démographie ne constitue pas
le réel danger"
"Surtout,
il y a cette invraisemblable capacité d’agir, d’influencer, de créer des
technologies tellement puissantes de déforestation, de pêche, de production de
gaz carbonique et tout cela qui a… qui a cet impact majeur sur… sur la planète,
sur la biosphère et sur la poursuite même de la vie sur la Terre."
"Pas
d’alternative pour l’eau"
"Le
pétrole, si on n’en a plus, on peut utiliser d’autres sources d’énergie, du
nucléaire... moi, je ne suis pas pour le nucléaire, mais on peut utiliser du
nucléaire... ou des énergies renouvelables. Mais l’eau, y a pas le choix.
L’eau, il nous faut de l’eau potable… Ça devient un problème certainement très
important pour l’avenir de l’humanité et ce qui en sera – encore une fois, je
ne veux pas être prophète, je ne sais pas ce qui va se passer en 2100… en 2030,
je dis simplement qu’aujourd’hui, quand on fait le résumé de la situation, on
voit bien que le problème de l’eau est un problème majeur."
Lester
BROWN, fondateur du Worldwatch and Earth Policy Institute
"L’éco-économie"
"Ce
qu’il faut, c’est que l’on restructure l’économie globale. Et ce qui est
excitant, c’est que l’on sait déjà à quoi cette nouvelle économie ressemblera.
Elle sera dirigée principalement par les ressources d’énergies renouvelables,
il y aura des systèmes de transports beaucoup plus diversifiés, on aura
toujours des voitures mais elles seront beaucoup moins prédominantes
qu’aujourd’hui et on recyclera tout. "
"Dans
la nouvelle économie, on ne jettera plus rien. On peut voir cette nouvelle
économie émerger déjà ! Les éoliennes en Europe de l’Ouest, les toitures
solaires au Japon, le marché grandissant des voitures hybrides à gaz et à
électricité aux États-Unis…. Également la reforestation en Corée du Sud, les
pistes cyclables à Amsterdam ou à Copenhague. On peut voir à quoi cette
nouvelle économie ressemble. Le défi, c’est de mettre en place cette nouvelle
économie avant qu’il ne soit trop tard et que les choses commencent à se casser
la figure."
Alain
Parant, Démographe à l'INED
"On
est à l’horizon 2030, parce que la première génération du baby-boom, elle est
née en 1946, ses 80 ans elle va les fêter vers 2026, ses 90 ans vers 2036,
c’est quelque part par-là qu’on va avoir le choc démographique du baby-boom sur
la dépendance. Donc ça veut dire qu’on a à peu près 25 – 30 ans pour se
prémunir. Je ne suis pas persuadé qu’on soit sur la bonne voie."
Jean-Joseph BOILLOT, Professeur
agrégé de sciences sociales
"Le
continent qui s’intéresse le moins à l’avenir"
"Moi,
ça m’a frappé, ça. En Chine, vous avez une soif de comprendre. En Inde, on fait
des scénarios, 2030, 2050. Aux États-Unis, même chose. Mais pas en Europe. Et
je crois avoir compris tout récemment ce qui pourrait être l’explication.
11.30.46 Cette petite Europe, divisée... Quel est aujourd’hui le dirigeant qui
peut prétendre dire 'je construis l’avenir' ? Leur seul avenir, c’est
d’essayer de construire l’Europe, point."
Immigration
- L’Europe est obligée de trouver une solution "
"Je
ne crois pas qu’on puisse continuer, évidemment, sur cette trajectoire. Cette
jeunesse africaine va venir de plus en plus frapper… plus que frapper…
cogner ! défoncer ! la porte de l’Europe. L’Europe est bien obligée
de trouver de véritables solutions. "
Catherine
de WENDEN, spécialiste des frontières, directrice de recherche au Conservatoire
national de la recherche scientifique (CNRS)
"L'identité,
c’est quelque chose qui n’est jamais figé, l’identité, elle évolue, elle se
construit avec les nouveaux arrivants, avec les nouvelles générations, donc,
avoir une sorte de conservatoire de l’identité que l’on mettrait dans un musée
pour dire voilà ça c’est l’identité, ça n’a aucun sens, historiquement ça n’a
jamais été le cas. Les pays qui seront perdants, c’est les pays qui ne sauront
pas tirer partis de cette évolution et ceux qui sauront absorber les nouveaux
venus, les intégrer, leur donner des opportunités, enrichir leur culture avec
ces nouveaux venus, ce seront les pays qui seront gagnants."
RD
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